Comment cette action avec votre téléphone peut instantanément améliorer votre mémoire !

Temps de lecture estimé : 7 min

Vous vous levez du bon pied : c’est une journée splendide avec un ciel bleu azur sans l’ombre d’un nuage !

Fort de vos 8h37min de sommeil, vous prenez une douche fraîche tout en chantonnant votre chanson du moment : « IIIIIIIIIIIII’M a SINGLE LADY, IIIIIIIII’M A SINGLE LADY !!!! »

Vos prenez votre café au grain moulu de votre machine à café flambant neuve en vous en délectant tranquillement.

Finalement, vous vous dirigez vers votre bureau pour vous asseoir et commencer à travailler.

Et là : BIP BIP BIP !

Votre téléphone sonne.

Malgré votre réticence, vous vous emparez de celui-ci pour voir ce qui a déclenché la sonnerie.

Et là, MALHEUR ! VOUS TOMBEZ DANS UNE FAILLE SPATIO-TEMPORELLE-DE-LA-MORT-QUI-TUE !

C’est le trou noir.

Vous ouvrez les yeux et commencez à revenir lentement à vous.

Vous êtes désorienté, les yeux rouges et suintants avec un énorme mal de crâne.

A la recherche d’un repère, vous tournez la tête autour de vous : tout est désert.

Vous vous levez de votre chaise avec difficulté et vous trainez lentement vers la fenêtre.

Vous tirez les rideaux et là :

UN PUT*** DE VAISSEAUX SPATIAL AU DESSUS DE PANAME ! VOUS VOUS ÊTES TÉLÉPORTÉ EN 2047 !

[…]

Bon bon… je me suis peut être un peu laissé emporté…

En tous cas, je pense que cela vous est certainement déjà arrivé de sombrer dans les méandres d’un fil d’actualité d’un réseau social quelconque et d’émerger quelques minutes… dizaines de minutes… heures… jours… centaines d’années plus tard sans vous rendre compte et sans vous souvenir de ce que vous avez regardé il y a 20 minutes !

Et c’est bien normal car nous sommes à une période où la guerre de l’attention fait rage et où une armada de scientifiques renouvellent d’effort pour vous rendre toujours plus accro à votre écran, et particulièrement l’un deux : celui de votre téléphone ! En témoigne le succès fulgurant de TikTok.

Mais si je vous disais qu’avez une action simple sur votre téléphone vous permettrait d’améliorer significativement et instantanée votre mémoire ?

Et si je vous disais même que c’est même prouvé scientifiquement par une étude de l’université de Chicago intitulée sobrement Brain Drain: The Mere Presence of One’s Own Smartphone Reduces Available Cognitive Capacity ?

🥼 Le contexte de l’étude

L’étude se penche sur l’impact des smartphones sur les capacités cognitives des individus en raison de leur omniprésence et de leur rôle central dans la vie quotidienne des consommateurs.

Les smartphones offrent une connexion sans précédent à l’information, au divertissement et aux interactions sociales, mais cette intégration constante pourrait avoir des effets néfastes sur la fonction cognitive des utilisateurs.

L’objectif de l’étude est d’examiner si la simple présence du smartphone, même sans l’utiliser activement, affecte la mémoire de travail et l’intelligence fluide des individus, et d’identifier les solutions potentielles pour atténuer ces effets négatifs sur la cognition.

Cette étude a examiné plus précisément l’impact de la localisation et de l’état de marche/arrêt des smartphones sur les performances cognitives de 275 étudiants.

Les chercheurs ont utilisé le plan expérimental suivant :

Expérience 1

L’expérience 1 visait à étudier l’effet de la présence du smartphone sur la capacité cognitive des participants, en particulier leur mémoire de travail et leur intelligence fluide.

Les participants ont été répartis en trois groupes avec des conditions différentes pour le placement de leurs smartphones :

  1. Condition « bureau » : Les participants ont été invités à placer leur téléphone face vers le bas sur le bureau devant eux.
  2. Condition « poche/sac » : Les participants ont été invités à garder leur téléphone dans leur poche ou leur sac, selon leurs habitudes habituelles.
  3. Condition « autre pièce » : Les participants ont été invités à laisser leur téléphone dans une autre pièce avant de commencer l’expérience

L’expérience 2 visait à examiner si les effets observés dans l’expérience 1 étaient robustes et si les performances cognitives étaient affectées par la dépendance au smartphone.

Expérience 2

Les participants ont été répartis en trois groupes avec des conditions différentes pour le placement de leurs smartphones, similaires à l’expérience 1:

  1. Condition « bureau » : Les participants ont été invités à placer leur téléphone face vers le haut sur le bureau devant eux.
  2. Condition « poche/sac » : Les participants ont été invités à garder leur téléphone dans leur poche ou leur sac, selon leurs habitudes habituelles.
  3. Condition « autre pièce » : Les participants ont été invités à laisser leur téléphone dans une autre pièce avant de commencer l’expérience.

De plus, les téléphones des participants étaient soit allumés et en mode silencieux, soit éteints

Les tâches

Les participants ont été soumis à deux tâches clés qui ont servi de mesures :

  1. La tâche OSpan (Operation Span) : Cette tâche mesure la capacité de mémoire de travail des participants. Elle consiste à présenter aux participants une série de lettres et d’équations mathématiques. Ils doivent se rappeler les lettres tout en vérifiant l’exactitude des équations. La performance à cette tâche est évaluée en fonction du nombre de lettres correctement rappelées et de la précision dans la vérification des équations.
  2. La tâche Go/No-Go : Cette tâche évalue la capacité des participants à maintenir leur attention et à inhiber des réponses impulsives. Elle consiste à présenter une série de cibles « go » et « no go » aux participants. Ils doivent répondre rapidement aux cibles « go » sans commettre d’erreurs, mais s’abstenir de répondre aux cibles « no go ». Les erreurs d’omission (échec de réponse aux cibles « go ») et le temps de réaction (vitesse de réponse à ces cibles) servent de mesures de l’attention soutenue.

Les participants ont réalisé ces deux tâches après avoir placé leur téléphone dans l’emplacement et le mode de marche/arrêt appropriés. L’ordre de réalisation de ces tâches a été contrebalancé entre les participants.

Après les tâches, les participants ont également évalué la difficulté subjective de chacune d’entre elles.

Des questions exploratoires ont également été posées pour évaluer les différences individuelles dans l’utilisation et la connexion aux smartphones.

✅ Les résultats de l’étude

Les résultats se focalisent sur l’expérience 2.

Ceux-ci ont montré que la localisation du téléphone avait un effet significatif sur les performances dans la tâche de mémorisation. L’état de marche/arrêt du téléphone et l’interaction entre l’emplacement et l’état de marche/arrêt n’ont pas eu d’effet significatif.

Les participants dont le téléphone était dans une autre pièce ont obtenu de meilleures performances à la tâche de mémorisation que ceux dont le téléphone était sur le bureau. Les performances des participants dont le téléphone était dans leur poche/sac n’étaient pas significativement différentes de celles des autres groupes.

L’analyse a révélé une tendance d’amélioration linéaire significative allant du bureau à la poche/sac puis à l’autre pièce, indiquant que plus le smartphone est visible, plus les performances à la tâche de mémorisation sont affectées négativement. L’absence d’effet de l’état de marche/arrêt du téléphone et de l’interaction suggère que la baisse des performances n’est pas liée aux notifications entrantes, écartant ainsi cette explication alternative.

L’étude a également examiné si la dépendance au smartphone modérait l’effet de la visibilité du smartphone sur les performances cognitives.

L’analyse a révélé deux facteurs distincts :

  1. la dépendance au smartphone.
  2. l’attachement émotionnel.

Les effets de la visibilité du smartphone sur les performances à la tâche de mémorisation étaient modérés par la dépendance individuelle au smartphone. Aucun effet de l’emplacement n’a été observé pour les niveaux faibles de dépendance, tandis que l’effet était significatif pour les niveaux moyens et élevés de dépendance.

Il est intéressant de noter que l’attachement émotionnel n’a pas modéré les effets de l’emplacement du téléphone sur les performances à la tâche de mémorisation.

Les résultats suggèrent donc que l’impact de la visibilité du smartphone sur les capacités cognitives dépend de la mesure dans laquelle les utilisateurs se sentent dépendants de leurs téléphones, plutôt que de l’attachement émotionnel qu’ils éprouvent envers eux.

L’analyse des effets de la visibilité du smartphone sur l’attention soutenue (erreurs d’omission et temps de réaction) n’a révélé aucun effet significatif de l’emplacement du téléphone, de l’état de marche/arrêt ou de leur interaction. Cela suggère que la simple présence du smartphone n’a pas affecté l’attention soutenue des participants pendant les tâches.

▶️ Conclusion de l’étude

Les résultats de l’expérience confirment que la simple présence du smartphone d’un individu peut nuire à sa cognition, même sans interaction consciente avec l’appareil, en réduisant la mémoire de travail et l’intelligence fluide mais sans pour autant interrompre l’attention soutenue.

De plus, les effets négatifs sur la cognition sont modérés par la dépendance individuelle au smartphone. Ironiquement, plus les consommateurs dépendent de leur smartphone, plus ils subissent les effets négatifs de sa présence ou, plus optimiste, plus ils pourraient bénéficier de son absence.

Les effets négatifs sont robustes même si l’écran du téléphone n’est pas visible ou si l’appareil est éteint.

📵 Une action simple pour améliorer votre mémoire

Je pense que vous avez maintenant pleinement conscience du problème !

Et la solution ne va peut être pas vous plaire …

Vous aurez peut être compris que l’idéal est de se séparer de son smartphone (momentanément, ne vous en faites pas).

C’est LA solution RADICALE pour réduire les effets néfastes de la présence du téléphone sur sa capacité cognitive.

La séparation implique de s’éloigner physiquement de son téléphone, en le laissant dans une autre pièce ou à une certaine distance de soi, plutôt que de simplement le mettre face cachée ou l’éteindre.

Cette idée de séparation va d’ailleurs à l’encontre des recherches antérieures qui indiquaient que la séparation du téléphone pouvait nuire à la performance en augmentant l’anxiété. Cependant, dans cette étude, les participants s’attendaient à être séparés de leurs téléphones et n’étaient pas confrontés à des notifications ou des appels impossibles à répondre pendant la séparation.

Des périodes de séparation définies et protégées pourraient permettre de mieux performer non seulement en réduisant les interruptions, mais aussi en augmentant la capacité cognitive disponible.

Cette approche de la séparation pourrait être appliquée dans divers contextes, tels que le travail, l’éducation et les loisirs, pour favoriser une concentration accrue et une meilleure utilisation des ressources cognitives.

Il est important de noter que la séparation ne signifie pas nécessairement l’abandon total des smartphones, mais plutôt la mise en place de périodes délibérées sans téléphone pour permettre au cerveau de fonctionner sans l’influence négative de la présence du smartphone.

Si toutefois, pour une raison X ou Y, cela vous parait insurmontable, vous pourriez envisager d’utiliser des dispositifs moins sophistiqués, comme :

  • ☎️ Les « Dumbphones » : les téléphones à fonctionnalités basiques, sur lesquels vous pourrez uniquement vous divertir avec Snake
  • Des applications de blocage : celles-ci limitent l’utilisation du smartphone, pour réduire la dépendance à leur appareil et ainsi minimiser les coûts cognitifs associés à sa présence. Je vous propose celles que j’utilise juste ici.
Exemple Montserrat Semi Bold

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Ces mesures pourraient aider à redéfinir la pertinence des appareils et à favoriser un équilibre entre les avantages de la connectivité et les coûts cognitifs potentiels.

Alors, est-ce que vous êtes prêt à tester de vous séparer momentanément de votre téléphone lors de votre prochaine session de travail ? A moins que vous ne soyez tenté par 2047 😉

ℹ️ Source

Ward, A. F., Duke, K., Gneezy, A., & Bos, M. (2017). Brain Drain : The Mere Presence of One’s Own Smartphone Reduces Available Cognitive Capacity. Journal of the Association for Consumer Research, 2(2), 140‑154. https://doi.org/10.1086/691462

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